Il est plus facile pour un chameau de passer dans le chas d'une aiguille que pour une bande-dessinée de se isser au Panthéon du 9° Art.
Après avoir lu Harding was here, c'est cette citation qui me viendrait spontanément à l'esprit. La déception de tomber sur un ouvrage qui est à la frontière du registre commercial (mais de quel côté ?), tout en apportant sa fraîcheur, son originalité.
A l'œil, le concept - un négociateur en art utilise une machine à remonter le temps pour trouver des chefs d'œuvre de grands maîtres - est frais et attrayant. Au nez, on part tout de suite vers quelque chose d'amusant, original. A la mise en bouche, on va vite voir que le scenario ne s'encombre d'aucun complexe. & le lecteur devra laisser décanter les dépôts de grosses invraisemblances du bédéphile exigeant. Savoir apprécier la simplicité, ce n'est pas toujours le plus simple.
A l'attaque : on est séduit par la tournure mélo et comique. Le personnage rencontre les peintres célèbres, et modifie le cours du passé en intervenant dans leur existence (sujet utilisé pour la 15.753.148.298° fois au cinéma/littérature/bédé, mais plus rarement sous un angle comique).
En bouche, on va vite constater que l'album sera mal structuré, et inégal, passant de mini-histoire en mini-histoire qui ne procurent ni la même émotion, ni la même qualité. Du grain de folie de Van Gogh au cynisme de Van Eyck, on voit de tout, mais parfois de n'importe quoi...
Mais au final, cette bédé se laisse consommer sans modération, et on attendrait presque la suite (puisque il y a une "ouverture" pour une suite à la fin, vous allez voir).
Santé, Thomas !