La Légèreté de Meurisse

La chronique suivra bientôt, mais je ne peux m'empêcher de vous faire part de l'émotion que m'a procuré la lecture de ce livre d'une justesse et d'une sensibilité hors du commun.
Un livre très important.

La couverture est très belle, et le contenu a l'air de l'être tout autant aux vues de ce que tu nous dis mais aussi du passage de Catherine Meurisse à la Grande Librairie hier soir, tout en retenue, la grande classe ...

Catherine Meurisse était l'invitée d'Augustin Trapenard ce matin sur France Inter -à réécouter
http://www.franceinter.fr/emission-boomerang-sous-les-bons-auspices-de-catherine-meurisse

Un livre qui nous inspire le silence et nous conduit à la Beauté , je n'ai qu'envie de remercier l'auteure et de relire un poète ...

Enfin, ô bonheur, ô raison, j'écartai du ciel l'azur, qui est du noir,
et je vécus, étincelle d'or de la lumière nature.De joie, je prenais
une expression boufonne et égarée au possible :

Elle est retrouvée !
Quoi? l'éternité.
C'est la mer mêlée
Au soleil.

Mon âme éternelle,
Observe ton voeu
Malgré la nuit seule
Et le jour en feu.

Donc tu te dégages
Des humains suffrages,
Des communs élans!
Tu voles selon ...

-Jamais l'espérance.
   Pas d'orietur.
Science et patience,
Le supplice est sûr.

Plus de lendemain,
Braises de satin,
    Votre ardeur
    Est le devoir.

Elle est retrouvée!
-Quoi?-l'Eternité.
C'est la mer mêlée
   Au soleil.

Drôle de version, où l'as-tu pêchée ?

C'est celle d'Une Saison en Enfer, dans l'Alchimie du Verbe, les premières phrases apportent encore plus au poème

Celle-là me parle plus (ainsi qu'à JL Godard ) :

Tiens, Pierrot Le Fou passe ce soir sur Arte, drôle de hasard   ...

J'aime énormément cet extrait

P't'n de Film !

La mort d'Hubert Mounier est un choc.
Dire qu'on envisageait très sérieusement de le faire venir pour un concert ...

On avait également pensé à KENT sur la même affiche.

On devrait tout faire pour le contacter rapidement, qu'il nous donne son accord et qu'il participe aux festivités de l'an prochain

Comme un coup de pied au cul du destin et un baiser à l'Eternité ...

on s'égare, on s'égare...mais c'est le propre de la légèreté qui nous conduit d'une œuvre à l'autre avec le même bonheur !

sinon la lecture de l'ouvrage dont il est question m'a procuré un foisonnement d'émotions difficile à retranscrire ici. De la légèreté, mais aussi une finesse inouïe et un sourire permanent qui flotte en permanence entre les pages, et ce malgré la gravité du sujet.

que dire, à part : bravo Madame, et merci !

Ouh la la, ce livre à l'air de faire unanimité...

eraserhead a écrit:

Ouh la la, ce livre à l'air de faire unanimité...

Ouh la la, ce livre ne va pas te plaire

naphtalene a écrit:

un sourire permanent qui flotte en permanence

oups ! la légèreté n'est pas donnée à tout le monde...

l'unanimité ( toute relative jusqu'ici ) t'effraie toujours Eraser ?

Un livre bouleversant mais en aucun cas larmoyant, Catherine Meurisse touche au sublime en racontant, en se racontant avec sobriété, simplicité et subtilité. On oscille toujours entre drame et légèreté, entre humour et gravité pour quitter l'horreur et mieux retrouver la beauté.
Catherine Meurisse nous convie dans un voyage intérieur dont la portée se révèle pourtant universel, où comment retrouver les chemins de la reconstruction à travers la littérature, l'art, la nature, les autres , où comment renaitre à la vie.
Merci pour ce grand moment de bande dessinée, merci pour toutes les émotions procurées.

http://www.telerama.fr/livre/bedetheque-ideale-122-catherine-meurisse-tente-de-retrouver-la-legerete,141679.php#d223Uq2CwXhkQA8K.01

L'unanimité ne m'effraie pas, mais m'alerte.
Quand un livre, un disque, encore plus un film, est encensé par les médias et que je dois les suivre, je préfère passer mon chemin, attendre un an ou deux. Si tout le monde aime, l'oeuvre est vaine dans l'immédiat. Elle ne gagne son intérêt que par la trace qu'elle laisse. On a le temps de voir s'il est nécessaire de la fréquenter... Bien souvent, au bout d'un an ou deux, on se rend compte que ça ne sert plus à rien.

Ce qui m'inquiète ici, si j'ai bien compris car je me suis soigneusement abstenu de lire quoi que ce soit et je ne connais pas Catherine meurisse:
Ce livre traite des attentats de Charlie, de la vie de Catherine meurisse apres. Deux circonstances qu'il va falloir évacuer pour ne garder du récit que ce qui en fait quelque chose de permanent et d'universel. Ça fait beaucoup.
Oui, tout le monde est touché par cet événement, c'est facile de jouer sur ce sujet pour berner le lecteur, qui kiffe l'empathie.

Je ne juge pas le livre, je ne l'ai pas lu. J'explicite juste les reserves qu'il m'inspire, j'espère qu'elles seront démenties.

Derrière l'évènement "Charlie" et la "vie-après", il y a toute une réflexion sur l'Art.
A quoi sert-il ? Qu'apporte-t-il à nos vies ? Quand tout s'effondre autour de nous, l'Art peut-il encore nous sauver et nous ramener à la surface ? Peut-il nous permettre de supporter l'insupportable ?
Catherine Meurisse, noyée par l'effroi et la sidération, fait appel à l'Art comme à la dernière bouée de sauvetage possible, l'Art sous toutes ses formes : littérature, poésie, peinture, sculpture, théâtre, musique.
Et c'est en ça que ce livre est touchant et réussi.
Et si vous ne connaissez pas la référence musicale des dernières pages, celle qui annonce le retour à la légéreté, il est temps pour vous d'écouter ça et vous laisser emporter :
La Chaconne de Bach