Début 2016, La dernière BD de Martin Veyron …
pour tous ceux qui ont découvert le point G aux débuts des années 1980, il y a une certaine nostalgie qui nous pousse avec curiosité et bienveillance à toujours s’intéresser au travail du bonhomme.
Alors qu’est-ce qu’on a, une adaptation de Tolstoï, un monument de la littérature Russe. Joli challenge !
La première réussite de Martin Veyron est d’avoir su capter toute l’intemporalité de la fable philosophique de Tolstoï.
L’histoire d’un paysan prit dans un désir d’expansion et de développement jamais assouvie. Posséder des terres, tjs encore et encore. La cupidité rend aveugle le pauvre Pacôme qui poursuit son rêve de richesse et fonce à la poursuite chimérique de la proposition pleine de bon sens et de sagesse du peuple BACHKIR.
Avec un dessin tout en finesse et en rondeur (on peut penser au merveilleux Emile Bravo) Martin nous plonge dans le monde paysan des moujiks du 19 siècle. Mais c’est bien de notre société contemporaine dont il veut nous entretenir.
L’avidité de notre société, la recherche unique et sans fin de la richesse, sans aucun questionnement sur les conséquences sur votre vie et celle de notre entourage.
L’adaptation est parfaite, le découpage en 7 chapitres donne le rythme de la Bd ou MV utilise de façon magistrale l’art de l’ellipse.
Le travail d’adaptation des dialogues est remarquable et il est sans aucun doute un élément prédominant dans la très grande réussite de la Bd.
Ils sont d’une fluidité exemplaire et l’humour est d’une élégance folle, rien d’ostentatoire, que de la dentelle. On a également quelque jeu graphique savoureux (le diable)
MV ne se pose pas en donneur de leçon ou en juge, son paysan symbolise toute notre société, une société aveugle de ses actes et de son évolution, mais surtout sourde au moindre conseil de bon sens !
Tout le long de son histoire (de la bd), Pacôme reçoit des conseils de sa femme ( qui trouve qu’il ferrait mieux de s’occuper et de profiter d’elle …) des autres paysans (les formidables scènes de conseil du village (la démocratie participative) des gens qu’il rencontre dans son odyssée (le bel épisode de la tempête de neige ) et enfin des Bachkirs qui insistent sur l’importance de respecter le temps.
Conte philosophique, la morale que nous tend MV, c’est que ce temps, c’est celui de notre vie, il passe vite, ne perdons pas de vue l’essentiel (sa femme et son fils …) apprenons à profiter du bonheur que nous avons, l’essentiel c’est de vivre l’instant présent … il sera bien vite temps de retourner à la terre !
Cette BD, c'est un grand bonheur de lecture ... c'est inutile et essentiel !!!, nous ne perdrez pas votre temps.