ZAÏ ZAÏ ZAÏ ZAÏ de Fabcaro

Fabien, ou Fabrice peut-être?
Peu importe, c'est l'histoire d'un homme ordinaire, bon père de famille (avec certes un métier atypique et marginal), qui voit sa vie basculer au moment de payer ses courses au supermarché. Un oubli, un simple oubli, et pourtant...

Tragédie ordinaire où malgré sa bonne foi, il sera entraîné dans une fuite désespérée afin d'échapper aux policiers, aux sbires de la grande surface, à la justice et à l'omniprésence journalistique diffusant en continu ce fait divers sans pour autant avoir quelque chose à en dire!

Une fuite loin de sa famille à laquelle il essaie de justifier son geste, fuite aux confins de la France, dans les contrées les plus reculées et dénuées de tout (la Lozère donc).
De péripéties en péripéties, de rencontres fantasmées du passé en débats philosophiques et politiques, de cascades en courses poursuites, notre protagoniste se verra finalement et inexorablement rattrapé par son crime et devra s'acquitter du châtiment mérité.

De l'action - les amateurs d'arts martiaux se régaleront de la technique de la "roulade arrière" -, de la réflexion, avec des théories géopoliticoéconomicojudiciaires pertinentes, de l'amitié et de la solidarité corporatiste, de la trahison, de la (non) pub automobile pour le fameux "fabrication française", un hommage à la chanson avec le titre bien sûr et aussi avec de magnifiques moments de solidarités musicales, sans oublier du roman photo, des théories complotistes et quelques clins d'oeil aux quadragénaires. Bref, tout est là, condensé dans un tourbillon mélodramatique.

Une satire de notre société contemporaine et un clin d'oeil sur le métier d'auteur de BD, avec ce mélange de fiction et de pseudo autobiographie comme dans "Carnet du Pérou", où Fabcaro parle de son métier et de lui-même avec beaucoup d'autodérision.

On peut penser à "Matin Brun" de Franck Pavloff, où une situation banale et ordinaire qu'on ne pensait même pas sujette à une quelconque controverse nous plonge dans les méandres d'une société totalitaire, nous dévoilant ainsi la fragilité de nos libertés.

Mais dans "Zaï zaï zaï zaï", il est aussi question d'humour, et l'intrigue de cette carte de fidélité oubliée, donnant lieu à cette déferlante répressive, est ici le fil conducteur à la succession de saynètes toutes aussi absurdes que décalées mélant humour grinçant, comique de situation et situations burlesques.

On peut aussi penser à "La Cité de la peur" (scénarisé par Les Nuls), tout comme aux Monty Python avec cet humour du non-sens tout britannique. Situations cocasses et quiproquos sont avant tout le ressort de ce "Road Movie" atypique et souvent très drôle.

Un curieux mélange donc, avec un dessin assez réaliste, beaucoup de cases répétées, des plans fixes, des gaufriers, et une histoire prétexte à épingler avec ironie quelques traits singuliers de notre société ; lieux communs et banalités, postures politiques et journalistiques, fait divers cristallisant toutes les peurs, tout y passe avec cynisme et humour (même si quelques situations peuvent paraître moins pertinentes).

Et je dis tout ça bien sûr en joignant mon pouce et mon index tout en inclinant légèrement ma tête sur le côté, au cas où, quelques contradicteurs oseraient joindre leurs deux majeurs, les coudes sur les genoux, en oscillant la tête de bas en haut.




Pour en savoir plus sur "Fabcaro ou le comique déceptif" :
http://www.du9.org/dossier/fabcaro-ou-le-comique-deceptif/

Quelques commentaires de l'auteur :
http://www.telerama.fr/livre/bedetheque-ideale-92-zai-zai-zai-zai-le-gout-pour-l-absurde-de-fabcaro,128180.php

Et ici pour feuilleter les 11 premières planches :
http://www.bdgest.com/preview-1761-BD-zai-zai-zai-zai-recit-complet.html?_ga=1.264726479.1566247451.1438598950

Ah, bravo ! \°/

Je n'ai pas encore lu d'autres livres de la pré-sélection de juin, mais je me suis régalée avec celui-ci !
Et je l'ai offert à lire à tous mes invités, entre l'apéro et le barbecue, ou pendant la sieste des petits. Et j'ai aimé voir le visage d'abord perplexe des lecteurs (souvent débutants en BD "adulte") puis me délecter de leur premier éclat de rire, souvent suivi d'un souffle par le nez et d'un hochement de tête quand le lecteur cautionne la critique des travers de la société moderne si bien réalisée par l'humour.
Comme d'habitude, la chronique de Gagadinorux est parfaite

Parmi les multiples parutions de ce sympathique auteur on trouve du bon, du très bon et de l'infiniment moyen. Ici je me suis régalée de cet humour absurde, tout à fait Monty Pythonesque effectivement. J'aime particulièrement l'égratignage des media, à mourir de rire, la voiture tonneau bondissante ( " c'est vraiment de la merde, renault" ) et autres joyeusetés.

Et par dessus tout, j'adore Joe Dassin .

Comme beaucoup, je me suis régalé, ce livre est hilarant mais pas que... Je lui trouve pleins d'autres qualités dont le dessin, on en parle pas assez mais Fabcaro a vraiment un joli trait et une belle faculté à illustrer son humour avec des planches sobres, presque sérieuses, ce qui créer un beau décalage avec le propos.
J'espère que ce livre fera un bon bout de chemin dans le Sherif et j'ose déjà dire que j'aimerai bien le voir en finale.

naphtalene a écrit:

Parmi les multiples parutions de ce sympathique auteur on trouve du bon, du très bon et de l'infiniment moyen

à l'image de ce livre

Je suis également pour qu'on redonne à Joe Dassin, une vraie place au coeur de la variété française !!!

... et le livre est souvent hilarant, jouant parfaitement avec l'absurde de la situation.




L'occasion pour nous de dire qu'on ira voir Autour de Lucie à la coopé !

Ah non ! pas question !
Valérie Leulliot a trop vieilli, et à force de dire des trucs concons sur la politique (à la fin des années 90), elle m'a franchement agacé.
Et puis depuis le 3e album, il n'y a quand même rien eu de bien chouette ?

Et puis elle ressemble de plus en plus à Marine le Pen :

Je viens d'écouter l'album sorti cette année et c'est effectivement pas bien terrible...

D'abord merci à Gagadinorux pour sa très belle chronique de présentation.

Par contre, j'ai été beaucoup moins emballée par cette bd que vous tous ... Certes l'idée de départ est complètement décalée et originale, mais je trouve qu'au fil de la lecture l'histoire - pardonnez-moi l'expression - se casse la gueule ... J'ai beaucoup apprécié le second degré, la parodie sociétale, l'humour très ironique, mais malheureusement tous ces "gags" tombent à plat !Il y a de l'idée mais elle aboutit difficilement, il reste un côté trop superficiel et l'auteur me semble survoler son histoire.

Bref, très déçue !!

Tout comme la chronique de Gaga, une vraie réussite, bédé (trop) courte et efficace, Fabcaro voit juste en épinglant les grands travers de notre société ultra conditionnée, j’ai aimé son humour absurde, parfois potache, et son sens de l’ autodérision tout comme la sobriété du trait qui répond parfaitement à la justesse du propos, ce qui en fait mon favori pour l’instant .. .

C'est sûr, il a fait une superbe chronique, mon coéquipier.

Un livre DROLE et INTELLIGENT, c'est assez rare pour avoir le soutien des Sheriffs

intelligent, j'espère que la plupart des livres que nous sélectionnons le sont.
Drôle, oui. C'est drôle. Mais inégal. Fabcaro cède quelquefois, à la marge, à la facilité.
Ce qui en fait un livre bancal, qui aurait mérité d'être plus resserré ; il y a du gras.

quant à la question du "il voit juste sur les travers de notre société" (dixit manue ) il dénonce effectivement les dérives de la grande consommation, des médias, etc... ce qui correspond tout de même à un discours sociologique plutôt daté (je ne dis pas qu'il n'est pas d'actualité) mais j'ai du mal à dire qu'il voit juste... qu'il colporte (avec beaucoup de virtuosité) un discours assez éventé plutôt.

eraserhead a écrit:

ce qui correspond tout de même à un discours sociologique plutôt daté (je ne dis pas qu'il n'est pas d'actualité) mais j'ai du mal à dire qu'il voit juste... qu'il colporte (avec beaucoup de virtuosité) un discours assez éventé plutôt.

Discours daté, éventé, si tu veux, mais toujours d'actualité, tu le reconnais... en quoi n'est- il pas juste pour toi, Eraserhead ?

je ne dis pas qu'il n'est pas juste, c'est plutôt le "voit" qui me titillait : je préfèrerais dire qu'il répète juste (et encore, ça va pas bien loin, on est plus dans la critique de comptoir, non ?)

C'est le propre d'un artiste de voir et montrer le monde qui nous entoure, le propre d'un sociologue d'analyser et chercher à expliquer notre société, Fabcaro fait clairement partie de la première catégorie, n'a pas la prétention d'entrer dans la deuxième, a le talent de le faire avec humour, et de créer une façon personnelle de le montrer ... c'est aussi le propre d' un bon lecteur d'être exigeant, comme toi Eraserhead (peut-être ne le suis-je pas assez, mais je continue à penser que c'est une bd réussie )

Un livre DROLEMENT INTELLIGENT ...

FABCARO "invente" la double mise en abyme ?

Cela fonctionne du feu de dieu, rien de gratuit, tout est au service de la narration et celui qui dit le contraire, je lui fait une attaque roulade arrière.



Quand la réalité dépasse la fiction      

Bon, très bon, très très bon !
L'humour peut regrouper ou séparer ; je n'ai pas ri, mais gardé le sourir tout le long de ce livre délicieux. J'ai pensé au "Fantôme de la liberté" de Bunuel, en beaucoup plus léger, où se succèdent des tranches de vies toutes plus absurdes les unes que les autres.
Ce livre est le poumon de la sélection ; intelligent et frais, j'en ai même oublié la trame, grâce au plaisir ressenti à chaque case. Je n'ai pas réfléchi, j'ai été capté dès la roulade arrière qui va rester un classique entre nous.

Je l'ai vu près d'un laurier. Elle gardait ses blanches brebis.
Quand j'ai demandé d'où venait sa peau fraîche, elle m'a dit :
"C'est d'rouler dans la rosée qui rend les bergères jolies."

Ben alors vous croyez que l'auteur écoute Joe Dassin? zaï zaï zaï zaï

Tous les rapports humains sont décrit avec justesse par l'absurdité des réponses, un peu la bergère de Joe.

J'ai adoré la planche pour aller à Bédarieux où l'on voit un avion, une voiture, une locomotive à vapeur, une carriole et enfin u porteur. L'impression d'aller dans un trou visuellement!

J'ai aussi apprécié le monologue lors de la rencontre avec son ancienne camarade de classe. C'est fou comme la vérité peut-être dangereuse...

Dans cette œuvre on ne juge pas, ce qui fait la beauté des saynètes. Par contre, on applique les règles. Il y a une sorte naïveté et de narcissisme instinctif qui rends les rapports humains fluides.

En tout ca, le burlesque est là. Cela fait frémir gentiment les zygomatiques tout en peignant des idées un peu fascistes voir capitalistes...

Ref. Tue-Loup et Charles Olivier

Je proposerais bien que la roulade arrière devienne en effet un signe de reconnaissance entre les différents membres du jury.
Une sorte de geste de bienvenue conjoint à une démonstration de force.
On verra bien vendredi qui assume définitivement cette nouvelle cohésion du groupe
C'est quand même plus sympa qu'une poignée de main ou que la bise conventionnelle non?
Et puis cela mettra en avant notre Confrérie du phylactère mise en place pas Naphtalène, Joco et moi même (dans l'indifférence la plus totale).

Vidéo très connue, mais que je ne peux m'empêcher de vous mettre ici, c'est du grand ART,
une merveille!

Bon entrainement à tous!

Excellente vidéo , à regarder dès que l'on se sent un peu déprimé .