Moi non plus, d'Emilie Plateau

En reprenant à son compte, le titre de la chanson de Gainsbourg, Emilie Plateau raconte les suites d'une rupture amoureuse. Quittée brutalement, elle attend le retour de celle qu'elle aime, guettant chaque signe, analysant chaque parole laissée sur un répondeur,  en tentant de se convaincre qu'une séparation définitive est impossible. Les amis l'écoutent, essaient de l'aider, souvent maladroitement.
Ces états d'âmes, exposés le plus souvent sur canapé, contribuent probablement à mettre avec humour et délicatesse le chagrin à distance.

C'est court, sobre, pudique et délicat, touchant parfois. Le dessin, efficace et minimaliste, retient l'attention finalement davantage que le sujet, dont le traitement, même sans concession, reste anecdotique.

A la lecture du livre, j'ai bien sûr tenté de mettre la main sur d'autre livres d'Emilie Plateau.
On trouve des choses drôles et touchantes ici : http://grandpapier.org/emilie-plateau/

Je suis également tombé sur la chronique de Pénélope Bagieu qui évoque les livres de Gautier (dont il faut absolument lire Peau de Lapin, chez Misma) et indirectement d'Emilie Plateau. Je vous laisse découvrir la chronique de Pénélope, ainsi que le petit livre 16000.

Moi qui viens de lire l'enterrement de mes ex, de Gauthier, où celle-ci fait le bilan de toutes ses relations amoureuses passées, je trouve alors la lecture du livre d'Emilie Plateau troublante.

N'est pas Xavier Mussat qui veut, s'attaquer à la relation toxique et la rupture (inévitable ?) qui s'en suit avec une approche très personnelle n'est pas un exercice facile et je suis resté en marge du récit très (trop?) intimiste d’Émilie Plateau.
Elle a choisi l'économie de moyen et le minimalisme, le lecteur restant ainsi à distance de ce journal intime qui verse un peu dans le pathos par moment.
Il y a certes des passages réussis et très touchant mais une impression de trop peu se dégage de cette lecture expéditive qui ne transcende pas un thème convenu et maintes fois abordé.

Je crois que j'ai préféré l'approche de Madet sur les relations amoureuses, l'auto dérision et le second degré apportant force des témoignages et originalité dans le traitement, les personnages sont de ce fait nettement plus convaincants.

Il y a une douceur contrastant avec le sujet dramatique que je ne cerne pas très bien (la douceur, pas le drame). Le minimum c'est bien, mais il aurait fallu plus de puissance pour m'atteindre. Depuis Reiser, je n'ai jamais été retourné.
C'est peut-être le plein de retenue qui est recherché, et alors atteint.