Fugazi MusicClub, de Marcin Podolec

Même si la Pologne est le pays d'Europe de l'Est qui était le mieux préparé, la chute du mur a fait place à une société un peu désorganisée qui a eu bien du mal à gérer une liberté, même relative, acquise subitement.
C’est dans ce contexte, peu explicité dans le livre, que débute l’aventure du “Fugazi Music Club”. Nous allons ainsi suivre Waldek et ses potes qui, dans une belle énergie, vont se battre pendant deux ans pour monter et faire tourner cette salle de concert incroyable qui va marquer le milieu de la musique de Varsovie et au delà.



Dans son récit, le tout jeune auteur Marcin Podolec, nous raconte dans le détail la mise en route de ce lieu atypique en centrant le récit, en toute logique, sur le principal acteur de l’aventure qu’il a lui même interrogé. Par la suite, le nombre de personnage se multiplie car le montage du projet a vu la participation d’une multitude de bonnes volontés ou de personnes attirées par le succès du lieu.
Les plus avertis sauront peut être reconnaître les noms des nombreux groupes qui vont tourner sur la scène du Fugazi. Pour ma part, je n’en connais aucun, le rock polonais des années 90 m’étant parfaitement inconnu. Cette histoire n’en reste pas moins intéressante et nous entraîne dans ce microcosme grâce à un dessin ligne clair bien maîtrisé et une coloration en gris bleu bien adaptée au monde de la nuit.
Un récit plutôt classique dans sa forme mais attachant car on y sent toute la fougue et la détermination du très jeune Waldek de l’époque comme celle du jeune Marcin d’aujourd’hui.

Je ne pense pas que d'avoir les références soit nécessaire à la bonne compréhension du récit, tout l'intérêt résidant dans la capacité à expliquer comment un projet naît, vît puis meurt.
Histoire dans son ensemble intéressante même si j'émets des réserves sur la façon dont elle est traitée, l'auteur ne mettant pas assez à mon sens le doigt sur le contexte social et politique.
Des longueurs et des passages assez brouillons où les personnages ne sont pas toujours identifiables n'aident pas non plus à la fluidité de la lecture, et trop rarement l'écriture ou le dessin ne viennent donner une dimension additionnelle pour rendre l'aventure réellement passionnante. On en gardera au final une toute petite trace, c'est dommage.

Le sujet est intéressant toutefois son traitement m'a bien vite laissée sur le bas-côté, tant je me suis perdue parmi les personnages, les groupes cités, et même la chronologie ... L'auteur aurait sans doute gagné à insister ( comme il le fait sur la couverture ) sur ce qui a causé la perte du club en question, à savoir l'intrusion mafieuse de "sponsors" intéressés. Un peu trop brouillon pour moi, même si je pense que ceux qui ont suivi l'aventure de près pourront aisément y trouver leur compte.