Dylan Dog, de Sclavi

Dylan Dog est détective, à Londres, spécialisé dans le paranormal. Il est charmant, déjanté,végétarien. Il est affublé d'un compagnon ressemblant comme deux gouttes d'eau à Groucho Marx (à moins que ce ne soit Groucho Marx) ; et il a beaucoup de travail...

En témoignent les deux aventures publiées dans ce tout récent volume chez panini comics. Dans L'Aube des Morts Vivants, Dylan Dog est aux prises avec des zombies réveillés par un virus découvert par John Browning ; il est mort lors de ses recherches, et sa jeune et belle veuve veut en savoir davantage.
La deuxième histoire amène notre héros à enquêter sur le retour de Jack L'Eventreur, ressucité par une séance de spiritisme...


On le voit, la série s'appuie sur les grandes figures de l'horreur, et elle cite à tour de bras les classiques (récents) du genre, que sont Romero (dont Dylan Dog est fan) pour la première histoire, ou les gialli pour la 2e histoire.

Mais l'horreur est mâtînée d'un côté loufoque, voire absurde, souvent portée par le personnage de Groucho, d'une tonalité désabusée, finalement assez réflexive, comme si les personnages se livraient à une comédie jouée d'avance, déjà vue, conscient de leur vacuité de personnages. Ce sont ces éléments qui ont fait de Dylan Dog une bande dessinée au succès immense de l'autre côté des Alpes.


Malgré ce que le site de l'éditeur annonce (une histoire récente, en couleur), ce volume est un événement de ce côté-ci des Alpes : il s'agit de la première tentative d'une publication raisonnée de Dylan Dog en France ! En tout cas, cela y ressemblerait (espérons que l'éditeur soit au courant de ce qu'il fait), car ce volume ne contient pas une histoire récente, mais bien les deux toutes premières aventures de Dylan Dog (en noir et blanc, donc), la 2e étant d'ailleurs inédite en France.

Dylan Dog, c'est un phénomène en Italie. Il est l'un des fumetti les plus vendus, aux côtés des classiques Tex et Diabolik. Ce qu'on appelle fumetti (même si le terme est en fait générique pour bande dessinée) sont des séries mensuelles (la plupart du temps) sorties en kiosque, dans un format proche du A5 (plus petit pour Diabolik). Dylan Dog est cependant bien plus récent que ces deux icônes, puisque le personnage nait en 1986, sous la plume de Tiziano Sclavi. Ce dernier signe les scenarii de la quasi totalité des premiers épisodes, durant les trois premières années. Puis le personnage évoluera sous une grande variété d'auteurs, et de dessinateurs, conservant éternellement les traits de l'acteur Ruppert Everett. Ce dernier incarnera d'ailleurs au cinéma un personnage très proche de Dylan Dog, dans une adaptation d'un roman de Sclavi, le fameux Dellamorte Dellamore de Michele Soavi.


Mais le cinéma s'emparera aussi de Dylan Dog, bien que très tardivement, puisqu'une adaptation a vu le jour l'année dernière, assez fidèle, mais situant l'action à La Nouvelle Orleans.

Les éditeurs français ont bien tenté d'intéresser le public hexagonal à Dylan Dog, d'autant que si la sauce prend, il y a une matière quasi inépuisable (près de 320 numéros) ! Mais à chaque fois, l'expérience s'est soldée par un échec, et l'éditeur a laissé tomber : il faut dire que les choix manquaient parfois de cohérence...
Lug tout d'abord, qui a pourtant connu de beaux succès avec les fumetti (publiant notamment Tex dans Rodéo), essaie de sortir deux numéros de Dylan Dog en 1987 (Le Fantôme d'Anna Never, et Les Nuits de La Pleine Lune, respectivement les histoires 4 et 3 de la série). Le relais sera pris par Glénat qui publira 6 volumes, regroupant dix-huit histoires, de façon assez anarchique, dans les années 90, puis hors-collection sortira quatre volumes reprenant des histoires de Dylan Dog Gigante (dont le format, comme son nom l'indique, correspond davantage à la notion d'album en France)*.


Il faut effectivement dire qu'à côté de son nouvel exemplaire mensuel au format 16x21, la série connaît de nombreux autres tirages, que ce soit les rééditions d'anciennes histoires en format normal, ou avec une couverture cartonnée, des volumes plus grands, en couleur, l'alamanach de la terreur... Bref, collectionner Dylan Dog est un véritable sacerdoce !

Voilà pourquoi l'édition de ce premier volume (la tranche porte le n°1, il devrait donc y en avoir d'autres) chez panini comics est assez marquante, même si une publication à raison de 2 histoires par volume devrait actuellement s'étaler sur plus de 150 volumes ! Bien sûr, le prix n'a rien de comparable avec ce qui se fait en Italie (moins de trois euros l'histoire), mais c'était déjà le cas des fumetti publiés par Clair de Lune (les fameux Tex et Diabolik) : les tirages ne sont pas les mêmes non plus. D'autant que l'édition de Panini est produite sur un papier assez classieux, dans un format légèrement supérieur à l'édition originale. Elle est complétée par une brève préface éclairante sur le phénomène, la reproduction des couvertures originales (en noir et blanc ! Quel dommage !), et l'annonce sur le rabas de la couverture d'un volume deluxe à paraître (contenant des histoires plus récentes, de la série color fest – existant depuis 2007, on quitte donc la publication chronologique).
Une bonne nouvelle, donc, qui suscite en tout cas de grands espoirs.

* à noter qu'une édition américaine existe, un seul volume, mais de taille, qui contient sept aventures du détective de l'étrange.

Pour aller plus loin, se reporter à la page de l'éditeur italien bonelli : http://www-en.sergiobonellieditore.it/auto/cpers_index?pers=dylan

le volume mentionné un peu plus haut est paru depuis pas mal de temps maintenant : quelques mots.
Intitulé La Planète des Morts, il paraît sous le label Dylan Dog Deluxe en avril dernier.
Belle couverture (de Liberatore) rigide, volume tout en couleur, il est l'édition française du Dylan Dog Color Fest n°2, paru en 2008. Cette émanation récente de la série existe depuis 2007.


Que dire : des histoires en marge de la série, voulues telles quelles (avec réalités dystopiques, et autres), sortes de nouvelles surfant sur la réussite populaire du personnage... rien de bien intéressant en fait (à vrai dire, sur les quatre, seule la 2e, Videokiller, représente un réel intérêt en terme narratif, mettant en scène une enquête dans une image en abyme).

On se souvient de l'attente suscitée par l'édition du premier volume chez le lecteur, avide de découvrir les histoire de l'enquêteur du cauchemar. Attente qui commence à devenir un tantinet contrariée... Quelle était la logique de sortir ce volume, alors que la suite chronologique du premier volume aurait été plus judicieuse (et artistiquement et narrativement bien meilleure !) ?
De plus, pourquoi sortir une édition du 2e Dylan Dog color fest avec le n°1 sur la tranche ?

On a l'impression, un peu pénible, que l'éditeur, encore une fois, teste le chaland.  

Alors, quand en France l'éditeur tergiverse, quoi de mieux que d'aller voir en Italie où en est l'enquêteur du cauchemar ?

Je ne vous fais pas le résumé du dernier volume en date, car je serai bien incapable de tenir régulièrement cette promesse. Sachez néanmoins qu'au mois d'août, pas moins de 6 publications nouvelles sortiront sous le titre Dylan Dog, ce qui montre l'incroyable vitalité de cette littérature transalpine.


Grosse pêche éditoriale, mais, même s'il ne se dépare pas de son flegme britannique (oui, il est anglais Dylan), notre héros a été durablement marqué par une aventure survenue en janvier 2010.

Pourquoi est-ce que j'évoque celle-là plutôt qu'une autre, c'est qu'elle a tant marqué le public qu'elle est rééditée, non pas parmi les 'ristampe' mensuelles (il y en a au moins deux), mais par un autre éditeur que Sergio Bonelli, à savoir bao publishing.
Grand fournisseur de comics américains, mais aussi éditeur de Joann Sfar, Riad Sattouf, Frederik Peeters, cette maison milanaise a sorti cette année Portugal, Saylor Twain (avec de beaux ex-libris) ou Haddon Hall qui parleront aux habitués de ce forum. Ils éditent également Zot! de Scott Mc Cloud, alors que nous, en France, on peut se brosser !


L'histoire choisie par l'éditeur a eu un gros retentissement en Italie. Elle est sortie en fin décembre 2009, sous le n°280 (numéro de janvier 2010). Elle place Dylan Dog dans un cadre bien peu propice à l'action héroïque, mais c'est d'un tout autre courage dont il est question ici.
Dylan se trouve aux prises avec Mater Morbi, une sorte de déesse de la maladie : il sombre peu à peu dans un cauchemar fait de chambres d'hôpital miteuses, de docteurs pas toujours clairs (l'un d'eux a hérité des traits de Klaus Kinski). De mal en pis, il affronte Mater Morbi, essayant de ramener avec lui le jeune Vincent, qui l'accompagne tout au long de son calvaire.


Un héros sur un lit d'hôpital pendant une centaine de pages, il fallait oser. Alors oui, ce sont les visions cauchemardesques qui priment, un peu comme dans Les Griffes de la Nuit. Mais le héros est poussé dans ses extrémités, y compris sur des thèmes de société comme l'euthanasie, et permet d'ouvrir la réflexion.


A histoire exceptionnelle, dessin extrêmement maîtrisé, et flamboyant : on est dans une histoire qui sort vraiment du lot mensuel, et méritait l'écrin que lui donne bao ! Une grande taille (format 21x30 classique, alors que le format d'origine est proche du A5), pages d'ouverture en couleur (inédites, je suppose), dossier complet en postface contenant de nombreux documents préparatoires (dessins, mises en page, extraits du scénario, qui est proposé en intégrale en bonus numérique).
Pour couronner le tout, l'album sort en version classique et en version variant, avec une couverture différente !

Un très beau travail éditorial pour cette aventure exceptionnelle de la série Dylan Dog, dont pourrait s'inspirer un éditeur français. Le tout pour 17€... Bravo Bao (http://www.baopublishing.it/)

deux articles de fond pour compléter votre connaissance de Dylan Dog par Gilles Ratier sur le site http://bdzoom.com :

http://bdzoom.com/61233/patrimoine/les-dessinateurs-de-%C2%AB-dylan-dog-%C2%BB-stano-trigo-et-tutti-quanto%E2%80%A6/

et http://bdzoom.com/61548/patrimoine/le-scenariste-de-%C2%AB-dylan-dog-%C2%BB-tiziano-sclavi/

pas mal d'actualités autour de Dylan Dog, notamment à propos d'une refonte de la série qui devrait intervenir à la fin de l'année.
Et voilà qui parlera peut-être davantage aux lecteurs du forum, Gipi a l'air d'être de la partie...

http://www.comicsblog.it/post/204583/gipi-su-dylan-dog-lautore-di-unastoria-disegnera-lindagatore-dellincubo




 

Après l'échec lamentable de panini concernant la série, on met un peu d'espoir dans cette nouvelle :

http://www.editionsmosquito.com/ouvrage.php?id=240

Sur la bande dessinée italienne, Mosquito fait un beau travail.
Espérons que l'édition soit complétée par quelques documents explicatifs, ou préparatoires, dans l'esprit de ce que fait Bao en Italie, qui a sorti cette été son troisième volume de réédition.



statue vivante serait donc publié en octobre par Mosquito, selon certains sites de vpc.