[Chronique] Sailor Twain ou La sirène dans l'Hudson de Siegel

En préambule, vous relirez En remontant le Mississippi. La course opposant le Daisy Belle et l'AD Plower vous tiendra en haleine le temps d'un verre. Bang à la chaudière, Têtenfer aux ballots, vous vous en paierez une bonne tranche. Après, et avant de se saisir du volume compact qui fait l'objet de cette chronique, les plus curieux d'entre vous iront jeter un œil (électronique ou non) sur les pages de Tow Sawyer ou Huckleberry Finn, parce que Twain, ça leur dit un peu quelque chose. Un folklore américain du sud, les rives du Mississippi, comme dans Lucky Luke. Mais si Sailor Twain emprunte de ce côté-là, c'est surtout entre New-York et Albany qu'il vous conduira.
1887. Elijah (tiens, le prénom ne vous rappelle rien ?) Twain est capitaine du Lorelei, un vapeur de l'Hudson, le fleuve qui aboutit dans la baie de New-York. Il a de gros yeux et inspire le respect. Son patron, Lafayette, est un coureur de jupons invétéré. Enfin, il se remet peu à peu de la disparition de son frère, Jacques-Henri, qu'il est venu suppléer au pied levé. Surtout, il est Français, je ne sais pas si ça a un rapport avec son charme. Un jour, Twain recueille une sirène blessée dans sa cabine. C'est le moment où Lafayette entame une relation épistolaire avec un écrivain dont la spécialité porte sur des guides de voyage anthropologiques des états sauvages qui bordent l'Hudson, et qui se cache sous le pseudonyme de Beaverton.
La bande dessinée de Mark Siegel, de son "vrai travail" éditeur de bandes dessinées chez First Second Books, qui a proposé avec succès sur le marché américain des traductions des œuvres des cadors de la "nouvelle bande dessinée" française des années 90, est une vraie bonne bande dessinée. L'équilibre entre le texte (quelle qualité de dialogues !) et le dessin (superbe !) est très juste ; vous ne vous sentirez à aucun moment étouffé par l'un ou l'autre. Au contraire, la fluidité de la narration, les angles de vue, vous apporteront confort et plaisir de lecture. Et ce n'est pas tout ! Comme on le dit, la qualité des personnages secondaires est souvent le gage de la qualité d'un univers romanesque. Siegel vous offre une galerie de personnages qui viennent étoffer le récit, l'enrichir de leur présence et leur verve, lui apporter toute sa substance. C'est un tout cohérent qui progresse, et même si certains d'entre vous pourront trouver sa dimension fantastique peut-être un peu déplacée, il faut reconnaître un véritable auteur dans les pages de ce livre épais, dont le chant apaisant et mélodieux aura le don de vous envoûter, sans rémission, jusqu'à la dernière.

pour lire plein de pages

Que cette nouvelle année de quête du Shériff d'or commence bien avec cette lecture envoûtante et parfaitement rythmée par ses dialogues et dessins ! Le coup de crayon de Siegel m'a complètement captivée et il m'a entraînée telle une gamine dans cette aventure de 400 pages sans que je ne puisse jamais lâcher prise... J'ai particulièrement été bluffée par les jeux de miroir (notamment des planches 15 et 286) et le réalisme du dessin (quel bateau !).

vu a Angoulême ; très enthousiaste d'être sélectionné dans shériffables du mois de janvier.
Vraiment sympa.

400 pages, ça ne pardonne pas ! Alors si cela vous tient en haleine, vous empêche de refermer le livre, repoussant de chapitre en chapitre une pause salutaire, si, en refermant la dernière page vous vous dites : il me le faut ! C'est bien que l'oeuvre à quelque chose de pariculier et de singulier.

Belle mise en page et beau graphisme dans les en-têtes de chapitre ou le sommaire par exemple ; très beau dessin, à la mine de plomb (ou disons avec tout autre outil équivalent ; je ne prends pas comme ça trop de risques), d'une maitrise parfaite, que l'on peut voir particulièrement dans certaines pleines pages, dans les personnages, décors ou paysages. Mais aussi une parfaite maitrise de la narration, personnages et attitudes, expressions et mouvements.
Faut-il en effet avoir une excellente maitrise graphique pour combiner une technique à la fois très élaborée et une grande simplicité.
Après tout, le capitaine n'est-il pas fait que de deux ronds pour les yeux, un triangle pour le nez et un trait pour la bouche ! Et pourtant...

Je parle ici de dessin mais il en est de même pour l'écriture : des dialogues savoureux, fluides et souvent pertinents, et une histoire tout entière enivrante.

Cependant, je n'ai pas entièrement compris le parti pris de détacher Camomille du contenu même de son livre pour insister sur sa prise de position humaniste (lors de son intervention sur le Lorelei).
Je comprends que cela ait du sens pour son rapprochement intellectuelle et sensible avec Dieudonné, ou même concernant la portée symbolique de ses récits, mais je trouve cela un peu abrupt, et pas complètement développé.
De plus, si Camomille se devait de relever un peu la vision féminine jusque là transcrite dans le livre, il ne me semblait pas absurde qu'elle ne succombe pas en trois cases (comme toutes les autres) au charme de Dieudonné (tout français qu'il soit !).

Pour ma part, j'ai beaucoup aimé. Comme dit précédemment, pour qu'un livre de 400 pages vous tiennes en haleine, c'est qu'il est bon.
Je ne me suis pas ennuyé une minute. Un très beau scénario qui se découvre au fil des pages. Et le dessin, le bateau est tout juste superbe

Tout d'abord mes plus plates excuses pour avoir garder le livre (même l'exemplaire abimé !) une demi journée supplémentaire mais effectivement vu l'épaisseur du propos , je n'ai pas réussi à le digérer en moins de 48 heures et bien m'en a pris car la seconde lecture (certes rapide et vraiment très macro) m'a permis de bien joindre tous les bouts , de rattacher la fin au début , de mieux cerner les rôles des seconds couteaux qui peuvent parfois échapper au premier jet.
Cet album m'a globalement plu pour toutes ses qualités mais bizarrement je n'ai pas eu le coup de cœur raccrochant trop souvent ma lecture à celle d'Habibi de Thompson qui m'avait complétement retourné , bref convaincu par ce Sailor Twain , mais pas réellement sous le charme non plus. Il est indéniable que le niveau de notation sera élevé , l'édition est réussie et fidèle à l'original , c'est un plus pour cette couverture qui devient évocatrice et qui prends tout son sens au fil des pages. Le dessin m'a conquis et notamment le travail sur les visages même si les gros yeux au départ , j'étais pas fan... Enfin le texte se marie parfaitement aux images , fidèle à la tradition des contes et légendes de la mer.
De la belle ouvrage , l'année démarre fort.

dense, cohérent, attachant.
je like.

(le reste a déjà été dit, même ça d'ailleurs)

un petit complément :
l'éditeur italien Bao édite l'album avec une série de 4 dessins par des auteurs italiens inspirés par Sailor Twain et un dessin inédit de Mark Siegel :


http://www.baopublishing.it/view.php?section=comicbooks&&id=131

eraserhead a écrit:

dense, cohérent, attachant.
je like.

(le reste a déjà été dit, même ça d'ailleurs)

Montre-nous donc ta belle dédicace d'Angoulême !!!

Je n'ai pas eu assez de 48 heures pour apprécier la sirène du Mississipi.
Faute à une mauvaise organisation sans doute...
Je peine ce mois-ci à respecter les contraintes de temps... et je mérite sans doute un blâme.
Je me rachèterai en achetant double-dose lors de ma prochaine visite.
Alors je vais faire à la va-vite et ce n'est sans doute pas comme ça que j'apprécierai ce titre à sa juste valeur... Pour l'instant, j'ai un peu un sentiment Canesque ("convaincu mais pas sous le charme") à la lecture.
Je reviens demain pour savoir si je passe à un sentiment eraserheadien ("je like") même si j'entends déjà bien toutes les qualités (personnages, dialogues...) décrites par Fred.

J'aime bien l'objet en temps que tel, l'histoire et les dessins bien que je trouve certaines cases plus réussies que d'autres.
Mark Siegel nous a embarqué malgré nous (et ce pour notre plus grande joie) sur le Lorelei et de remonter (ou bien descendre, je ne sais plus) l'Hudson. Il nous dépeint une histoire très touchante, avec des personnages haut en couleurs.
Détail qui a son importance, je n'ai pas trouvé long ces 400 pages et je ne me suis pas ennuyée un seul instant.
Mark Siegel, à travers sa sirène, m'a envoûtée.
Il a obtenu ma meilleure note, un 15.5.

Dernière page refermée, bien loin de l'Hudson et des pluies incessantes. Il faudra certainement une seconde lecture pour tout apprécier, ou mieux apprécier, mais je suis d'ores et déjà en mesure d'en dire deux mots quand même.
Le démarrage a été difficile, j'ai bien dû m'y reprendre à trois fois, mais une fois la sirène à bord je n'ai pas pu décrocher.
Pour être tout à fait honnête, j'ai trouvé quelques longueurs au récit, j'ai eu le sentiment furtif dans certaines cases ( dispensables ) que l'auteur dessinait en clin d’œil ses propres connaissances ( je ne sais pas ce qui me fait penser ça ?). Je me suis un peu emmêlée les pinceaux dans cette histoire de déchirement d'âme et le j'ai trouvé le dessin parfois inégal MAIS !
... malgré tout ceci j'ai bien aimé ! Si si ! C'est l'atmosphère humide si bien rendue, la lenteur du fleuve, le vase clos et l'attachement, tout plein d'émotions en vrac qui se réveillent à la lecture. Certaines cases ou enchaînements très réussis aussi.
Je pense toutefois que l'ouvrage aurait mérité une épure pour que l'on ne s'y noie pas.
C'est quand même un très bon récit, qui arrive en deuxième position dans mon vote, à une écaille près.

Tout cela a piqué ma curiosité ! A découvrir alors !!!

400 pages de pur plaisir visuel et narratif.
J'ai aimé les oscillations entre deux mondes, l'aquatique et le terrestre; entre deux univers, le réel et le fantastique. J'ai trouvé le jeu de ressemblances entre certains personnages ( la sirène et Pearl la femme handicapée de Twain qui envoûte par ses chants) efficace. Twain est attachant mais que dire de ce Lafayette charmeur et charmant (j'avoue je suis tombée sous le charme!) qui est un personnage qui gagne en profondeur au fil du récit et surprend par sa sensibilité.
Sans parler du dessin qui m'a bluffée aussi bien dans le rendu de ce qui est statique que de ce qui est dynamique. Mention spéciale au dessin du steamer et des paysages fluviaux.
En bref, I love it!

Sailor Twain magnifique une lecture superbe pour tous les commentaires qui ont déjà été évoqué et d'autres encore... Cela faisait bien longtemps qu'un conte marin ne m'avait surpris et autant tenu en haleine, puisqu'il fut effectivement impossible de lâcher l'ouvrage avant la fin de la lecture.
Un-je-ne-sais-quoi d'inachevé cependant, ou une note de déception de ma part sur la toute fin je m'y suis un peu perdu. C'est très dommage, ou alors est-ce l'Empire de l'Atome qui m'a tellement plus en comparaison qui me laisse une note amer concernant Sailor Twain...

Je me suis laissé porté par ce récit, comme par le fleuve. Ça s’enchaîne, on y est, on y reste, on a pas envie d'en sortir, c'est beau. Et puis, on arrive sur la troisième partie, et là, j'ai du faire un effort pour resté accroché, relire certaines pages pour comprendre. Je regrette cette petit baisse sur la fin, ma ça reste une très grande lecture.

Une interview de l'auteur sur le site de Bodoï : ICI.

Merci pour le lien...

Quoi??? ce n'est pas de la mine de plomb??? rhooooo, du fusain... incroyable!
Après ce petit moment de honte passé, et pour tous ceux qui ont osé s'essayer un jour au fusain,
prosternons nous devant ce grand dessinateur!

une autre interview de l'auteur :

par ici