Freedom hospital, d'hamid Sulaiman (Arte/Ca et Là)

Première bande-dessinée d'Hamid Sulaiman, artiste plasticien syrien, Freedom Hospital raconte l'histoire d'un hopital clandestin ouvert tant bien que mal grâce à la volonté de Yasmine, militante pacifiste déterminée.

Sous l’œil et la plume de Sophie, journaliste invitée par Yasmine pour faire un reportage de guerre, l’hôpital voit se croiser plusieurs destins de personnages qui composent un tableau multiple et complexe de la société syrienne. Refuge caché, lieu symbolique, l’hôpital regroupe un médecin, une infirmière, une cuisinière et plusieurs patients parmi lesquels, un responsable de la milice locale de l’Armée syrienne libre, un ancien soutien de Bachar-El-Assad repenti, un officier proche des Djihadistes, un chrétien assyrien, un Alaouite. Ce petit microcosme - une douzaine de personnages récurrents à peine - suffit à dépeindre une société déchirée, en perpétuel mouvement, qui s'enlise dans ne guerre absurde.
Sulaiman décrit ainsi comment colère et résignation gagnent peu à peu les protagonistes, comment propagande et désinformation font basculer les personnages dans un camp puis un autre : violences extrêmes où les victimes deviennent à leur tour des bourreaux.
Si l'histoire se déroule au fil des saisons – cinq saisons pour cinq chapitres – le temps s'écoule en dénombrant les morts... Chaque nouvelle scène est introduite avec un décompte glaçant des nouvelles victimes, rendant objectives les horreurs de la guerre.
Le traitement graphique du livre est particulièrement réussi : le noir, exempt de toute nuance, et le blanc, livrent des « paysages » d'une sauvagerie et d'une crudité totales.

Evitant l'écueil didactique, Sulaiman livre ici une belle fiction, pleine d'humanité, qui permet de mieux saisir les  tenants et aboutissants du conflit syrien. On pourra regretter un happy-end un brin convenu, pas vraiment utile, même si le souci de l'auteur de concure son livre sur une note d'espoir est compréhensible.

Des commentaires de planches pas l'auteur dans la bédéthèque idéale de Telerama :
http://www.telerama.fr/livre/la-bedetheque-ideale-124-freedom-hospital-ou-le-quotidien-d-un-hopital-clandestin-syrien,142337.php

Ce n'est pas une BD facile et pourtant ça lecture apporte beaucoup.
Grâce à une construction particulièrement intelligente du scénario qui s'appuie sur un découpage très pertinent en différents chapitres mais aussi grâce aux cadrages choisis pour ce dessin très brut et très expressif à la fois, on a une vision à la fois globale et à hauteur d'homme de la situation très complexe de ce pays. Ce qui est en soit un tour de force.
Depuis qu'on nous rebat les oreilles de cette guerre (par intermittence...), je n'ai rien vu, ni lu, ni entendu d'aussi éclairant. Une belle réussite qui prouve une fois de plus que la BD a toute sa place dans l'information.

Complétement d'accord avec Joco, je n’émettrai qu'une réserve sur le découpage et les chapitres selon les saisons, ça reste très convenu mais peu importe, on s'en fout, l'enjeu du livre est ailleurs.

En plaçant sa fiction au cœur du conflit syrien, l'auteur accomplit un travail de documentariste, voir de journaliste sans pour autant que son livre ne vienne s'ajouter à la pile des documentaires traditionnels qui ont souvent une approche didactique et informative. C'est une véritable immersion à laquelle l'auteur convie le lecteur, qui va ainsi côtoyer le quotidien du peuple syrien, de tous ces personnages, et se fondre auprès des différents points de vue, des approches et des intérêts de chacun.  
Et au final, si un des meilleurs travail d'investigation n'était pas celui du terrain, du contact des populations, des relations humaines et de la diversité d'opinions, un voyage éclairant, sans partie pris et profondément instructif.

Il est vrai que la lecture n'est pas simple, pas plus que ne l'est la situation au Proche Orient. Le parti pris de nous guider à hauteur d'homme permet une immersion passionnante tout autant que terrifiante dans le conflit au quotidien. Il rend compte de la multiplicité des points de vue et des intérêts, tout autant que de l'urgence de (sur)vivre... et ce décompte glaçant du nombre de morts est fort efficace. Une lecture percutante et nécessaire

Un livre percutant et instructif. Je me suis parfois perdue dans les noms et la confusion des responsabilités...à l image de cette guerre. On voudrait comprendre et être éclairée sur cette guerre. Seul l'absurde de ce conflit et impuissance face à lui nous saute aux yeux. Une lecture eprouvante.

Appréhender ce conflit sanguinaire à travers ces personnages variés m'a appris ; belle et lourde lecture.

Début de lecture laborieux, le foisonnement de personnages et d'explications rendant périlleux la mise en place narrative.

Mais très vite on est emporté par la force de ce récit, tout à la fois terrifiant et plein d'espoir.
Une approche du quotidien syrien, de la guerre, mais surtout des hommes et des femmes qui y survivent, dans toute leur diversité.

Le dessin tout en contraste et le récit "docu-fiction" donnent beaucoup de force à cette lecture.

Effectivement, un début de lecture assez lourd avec une présentation de personnage et par la suite des personnages qui se présentent, une répétition qui rend le début pénible pour ma part.

Par la suite tout se met en place et la lecture se fait plus simple avec un histoire lourde et instructive dans ce combat citoyen pour la vie. Une bande dessinée classique dans sa forme mais qui nous emmène au cœur de ce conflit et nous ouvre les yeux sur cette jeunesse pleine d'espoir.

Mouais. Je ne suis pas aussi convaincu que vous. J'ai trouvé que le livre cherchais son chemin entre politique, relations entre les personnages, horreur de la guerre... Je m'y suis perdu.