Sang noir , encore un livre pour Can , un documentaire ça faisait longtemps et si en plus ça sort chez Futuropolis , je ne pouvais pas laisser passer l'affaire et surtout l'occasion de vous en parler.
Le 10 Mars 1906 , à 06h30 avait lieu la plus grande tragédie minière de tous les temps. 1099 personnes perdirent la vie. ceci est leur histoire.Merci donc à l'éditeur d'avoir facilité ma chronique , en effet le résumé de l'album est rapide et finalement tout est dit , pas de spoiler , autant le mettre directement sur la couverture , ça peut aussi économiser un bandeau rouge.
En préface , c'est Zola et son illustre Germinal qui sont cités , au cas où on n'aurait pas encore compris , c'est bien d'une catastrophe minière dont on va nous parler.
Le livre est découpé en 6 chapitres , Les hommes , L'accident , Mourir pour la compagnie , Le temps des pleurs , Le brave écuyer , La nuit des temps , auquel s'ajoute une introduction posant le contexte de l'époque et un dossier de notes et de documents concluant l'ensemble.
Jean-Luc loyer a donc décidé d'aborder ces événements de façon très structuré , l'introduction , à défaut d'être utile pour la suite , est très intéressante , elle permet surtout d'entrer dans le bouquin à son rythme , on y parle de Picasso , Modigliani , Rostand , Méliès , un peu de culture , ça ne peut pas faire de mal.
Du contexte général , on passe à un niveau plus local en découvrant les gens du nord , les mineurs , leur famille , leur conditions de vie et de travail , certains personnages apparaissent , on les reverra par la suite.
Le décor planté , nous voilà donc le 10 Mars , certains prémices et défaillances faisaient déjà craindre le pire et au petit matin , une immense déflagration emporta cent dix kilomètres de galeries soufflant la majorité des hommes descendus ce jour là , l'auteur décrit en détail la violence de l'explosion et l'atrocité du drame où les mineurs sont emportés soit dans les éboulements , par le feu ou par les gaz.
En haut , la panique et la confusion gagne , c'est aussi le temps des responsabilités et celui des pleurs. On apprendra avec consternation les choix discutables faits par la compagnie dans la gestion de la crise. On assistera à un vif débat entre Clemenceau et Jaurès à l'assemblée nationale. On s’intéressera de près aux oppositions syndicales et aux tentatives de grèves qui naitront suite à ce drame.
L'auteur redescendra une dernière fois dans la mine pour décrire le périple de quelques survivants , des hommes déambulant dans l'horreur mais animés par la survie et l'espoir. De retour à la surface , ces survivants avoueront que chaque jour de leur vie , des ombres accompagneront désormais leurs vies.
Courrières restera donc comme une des catastrophes industrielles les plus meurtrières de l'histoire et le livre écrit par Jean-luc Loyer est une véritable devoir de mémoire , une BD hautement recommandable et qui devrait être obligatoire dans les CDIs de nos écoles.
Il aborde le sujet à la façon d'un journaliste , je pourrai dire en 2013 , avec un angle très wikipédiesque et c'est sans doute le seul reproche que je pourrai faire à ce titre. Le documentaire dans la bande dessinée reste un exercice très périlleux où il faut souvent dépasser le cadre de la simple retranscription des faits pour émerger des autres médias pouvant traiter du même thème. Il manque à l'album de Loyer un personnage apportant un angle de vue différent , un témoignage , une émotion.
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