Steve & Angie de Perrot

Ça c'est vraiment drôle.
Derrière un dessin épuré à l'extrême, une mise en couleurs en à-plat et un lettrage appliqué très premier-de-la-classe, se cache une vraie bonne surprise. Antoine Perrot, qui a collaboré pour des magazines tels que Psikopat et Ferraille signe son premier album dans la désormais illustre collection Poisson Pilote et c'est une réussite. Son style dans l'air du temps, usant tantôt d'un humour narquois vis-à-vis de la suffisance des personnages, jouant avec les niveaux de lecture, se jouant de l'invraisemblance ; utilisant tantôt l'image muette afin d'accélérer ou de ralentir.
Il semblerait qu'on s'oriente vers une histoire en deux tomes. Le suspense est à son comble. Que vont devenir Angie et Steve, prisonniers du temps au cours d'une partie de pêche à la grosse tanche ? La chercheuse en cosmétiques, victime de la peur et de l'émotion, cèdera-t-elle à la frime du pseudo aventurier ?
À moins que celui-là ne se fasse dévorer par un vélociraptor, et ça, ce serait vraiment drôle.

Effectivement, ça commence sur les chapeaux de roue ! ! !

C'est le genre de truc... heureusement que tu en parles, parce que, vude loin, j'aurai même pas feuilleté !!!

Tu mets toujours des petits morceaux de gorge dans ton boudin ?
Vous sentez le cuir qui moule bien les fesses ?

Ca commence très très fort....

...
Je crois que ça va me plaire !

Voilà typiquement le genre d'album qui rentre dans ma case divertissement , avec des gags qui fonctionnent bien , une histoire tout en rythme , des personnages hauts en couleur , et un dessin ni trop , ni pas assez , je ne peux pas réellement dire que j'ai passé un mauvais moment , après une dure journée de labeur , je serai tenté de dire que cette lecture fait du bien.

Néanmoins et là où le bas blesse , c'est que Steve & Angie se lit vraiment trop vite et que je suis resté nettement sur ma faim , en fait en réfléchissant et en allant plus loin , je pense être devenu trop exigeant pour me satisfaire de si peu.

Bon, il faut bien le reconnaitre, je suis un peu d'accord avec Can. C'est bien mais vite lu ! Deviendrait-on trop exigent ? C'est de votre faute, aussi, les Shériffs, si vous ne nous donniez pas autant de mauvaises habitudes en sélectionnant d'aussi bons bouquins, beaux, complets, denses et qui donnent du sens, voilà, on en demanderait pas autant à chaque fois... même si, celui-ci, ne démérite pas. Il est bien mais on attend la suite un peu trop vite !

UNe lecture trop rapide...
J'avais développé le même type d'argument pour Old Skull que je trouvais cependant très peu construit : une suite décousue de gags axés sur des personnages bizarres ou franchement macabres. Une poilade un peu gore et à mon goût un peu facile.
Chez Perrot, rien de tout ça. Les deux premières cases nous installent dans une parodie de documentaire télévisuelle puis les attitudes corporelles d'Angie (la main dans les cheveux, sur la cambrure des reins) donnent les premières caractéristiques du personnage. Chercheuse mais diablement sexy !
La découverte du second personnage est tout aussi savoureuse : Perrot excelle à dessiner les attitudes, les gestes, les regards (le sourire de Steve, les yeux d'Angie à géométrie variable...). Je trouve les dernières pages assez touchantes mais toujours drôles : Angie dévoilant sa nudité tout en essayant de la cacher.

L'utilisation des cases muettes est réjouissante : Angie et Steve en haut d'un arbre, désespérés de leur sort et Steve finissant par lâcher après plusieurs "silences" : "Au moins à deux, on pourra faire l'amour"... Même scène faisant écho à la précédente où Steve déclame Eluard... Dans les arbres, on s'élève.
Par ailleurs, le passage d'une époque à l'autre est toujours induit par une réplique ou une image faisant mouche dans l'époque suivante.

...et que dire de l'écriture ?
Cela reste, je crois le point fort du livre. Qu'on se le dise, c'est vraiment plein de subtilités. Si le comique de situation est évidemment bien transcrit par l'image, les textes sont vraiment savoureux surtout mis en regard des expressions des visages.
Reste ensuite à comparer un tel ouvrage avec le reste de la sélection. J'ai lu l'ouvrage de Micol, bien beau livre dont l'esthétique ne peut laisser insensible...
Ici, il n'est pas question d'esthétique, certes, mais l'efficacité narrative, la langue méritent l'attention.

C'est court mais bon.

En lisant vos commentaires, je me souviens d'une aventure qui a lieu lors de la première venue de James chez nous.
Quelqu'un lui a fait remarquer que le magnifique Comme un lundi était bien mais quand même se lisait un peu vite, James de répondre que passer un quart d'heure en se faisant plaisir était quand même mieux que de passer une heure en se faisant chier (bon je suis pas sur des mots exacts mais ça me semble assez proche de l'idée).
Tout cela résume assez bien mon appréciation sur cet album ! J'ai passé un super moment, j'ai trouvé ça drôle, bien construit, bien dessiné. c'était court mais bon, un peu comme le sexe quoi ?!

C'est divertissant et mignonnet avec une belle brochette de sympathiques et atypiques personnages.

divertissant et mignonnet, oui. Atypique, peut-être pas tant ?
J'ai trouvé ça plus rapide que court... ça bouge beaucoup, et effectivement, l'intérêt vient plutôt du moment où ça ne bouge plus : très beau moment dans l'arbre, ou l'on prend le temps de réciter Eluard, en entier ! J'adore.

Par contre, dans le moments agités, pas assez d'ellipses, on en fait trop ; et du coup une sensation d'étirement de moments qui se veulent drôles, et ça, c'est pas drôle du tout... (c'est mignonnet, le terme est le bon).

Mignonnet....
C'est quand même pas Sylvain et Sylvette ???!!!

eraserhead a écrit:

divertissant et mignonnet, oui. Atypique, peut-être pas tant ?

Un terme sûrement excessif...

Superphane a écrit:

Mignonnet....
C'est quand même pas Sylvain et Sylvette ???!!!

Comment

Effectivement cela se lit très vite.
Alors je l'ai relu pour voir si je n'avais rien manqué parce que cela ne pesait pas lourd...
Et les pages se sont tournées encore plus vite.
Bien sûr les échos de vos lectures ont raisonné dans certaines cases, ont souligné certaines bulles... mais mon sentiment est resté le même. Je ne suis pas rentré dans cette histoire. Je suis très difficile quand il s'agit de parodie. Du coup, cette pochade ne m'a pas accroché.

Même impression: une lecture sympa, vite lu...
Il y a des passages drôles - surtout celui avec les bucherons-
Ca joue un peu trop sur la parodie pour vraiment me plaire et me faire rire
C'est chouette quand même mais ce n'est pas assez marquant pour être un shérif!

Vite lu, bien lu ! C'est crétin mais/donc ça déconnecte mes neurones et ça me fait bien marrer, so what else ? Il est vrai que pour un shériff c'est peut-être un peu light, mais en tout cas c'est (encore) un bon moment passé devant des pages très soignées.

Je crois que définitivement je n'ai pas d'humour, mise à part la scène ou Steve déclame du Eluard alors qui'ls sont au milieu des dinosaures , ce qui d'ailleurs ne semble pas les perturber plus que çà????? je suis passé au travers définitivement pas mon genre de trip

Quelques gags assez marrants ( les bucherons en particulier) , un peu de comique de situation mais pas de quoi laisser un souvenir impérissable

botachris a écrit:

pas de quoi laisser un souvenir impérissable

Oui, mais un bon (court) moment quand même.
Pour ma part j'ai trouvé que les gags fonctionnaient, mais pas de quoi en faire un shériff

moi je trouve ce livre vraiment drôle, très bien écrit, des personnages qui existent rapidement ... un humour très subtil (avec plein de reference: Délivrance ...)

Très belle BD, j'attends la suite avec impatience

Tue-Loup a écrit:

Très belle BD, j'attends la suite avec impatience

Et te voilà servi !




Suite et fin qui devrait satisfaire les clients du premier volet, ainsi que les cœurs d'artichaut qui entretiennent discrètement leur côté midinette.
J'espère retrouver bientôt Antoine Perrot avec de nouveaux livres car son sens de l'humour et du dialogue, son style, laissent présager de bien belles choses pour la suite.