Chabouté est un orfèvre du noir, dans la tradition des romans [A Suivre], dans la lignée des Pratt et Comès (mais pour ce dernier, je crois qu'on le lui a assez répété et que ça doit commencer à le gonfler). Son nouvel opus se présente dans un format compact et une épaisseur conséquente, 370 pages !
Premier problème : peu de cases par planche, contemplatives pour la plupart (système de narration muette et lente - c'est le sujet qui veut ça). La conséquence est une forme inhabituelle d'agitation de la main droite dans la lecture ; on passe son temps à tourner la page !
Second problème : Chabouté n'est pas à proprement parler un scénariste. Il a des idées, il sait s'emparer d'un thème (ici l'isolement) mais on a toujours du mal à cerner totalement ses personnages qui manquent d'épaisseur au bout du pavé.
Un homme d'une laideur monstrueuse vit seul dans un phare et son unique mode d'évasion passe par l'évocation que lui procure les mots d'un dictionnaire ouvert au hasard. Deux pécheurs organisent son ravitaillement. Voilà. Pas de suspense à proprement parler, pas de surprise, pas de retournement de situation, une fin téléphonée.
Et pourtant, il y avait de quoi écrire une bande dessinée formidable avec une telle idée, mais Chabouté, même s'il excelle en mise en scène a du mal à développer son sujet.