Les serpents aveugles de Cava et Segui

New-York 1939.
Un homme tout de rouge vétu arrive dans un petit hotel, il cherche Ben Koch.
Ben Koch, qui a connu les groupuscules communistes aux Etats-Unis, la guerre civile d'Espagne, est à la recherche de Curtis.
Un polar très bien ficelé entre souvenirs et présent.
Bonne surprise de la rentrée.

Excellent one-shot qui n'est pas sans me rappeler l'ambiance d'Angel Heart d'Alan Parker.
Un type cherche un type qui cherche un type.
Ou alors : "tout le monde n'a pas eu la chance d'être communiste et américain".
Le texte de Cava est précis et ciselé, rehaussé de dialogues d'un niveau international (vous savez, les détails qui font toute la poésie d'une histoire, même la plus banale). Le dessin de Segui est original, efficace, même si on peut regretter un déséquilibre entre la taille des cases et celle des bulles ainsi que le choix de la police de caractère.
Une très bonne lecture.

Ici, on peut voir les premières pages

Une belle plongée dans cet univers du communisme états-uniens. Les Serpents Aveugles surprend en nous menant là où l'on ne s'y attend pas, avec un alliage du tonnerre des ingrédients que sont le suspens ou encore l'Histoire.

Felipe Cava traite avec intelligence de cet engagement idéologique. Mais sans faire de l'album une œuvre engagé -loin s'en faut- il livre un scénario d'une grande finesse et intelligence, laissant planer tout au long des pages ce parfum de mystère et de suspens.

Le dessin de Bartolomé Segui est très sombre, si sombre que je ne parvenait pas à tout voir avec ma lampe de chevet. C'est un univers et une ambiance oscilliant entre l'inquiétant et l'énigmatique pour se plonger tantôt dans les bas quartiers new-yorkais, tantôt dans l'Espagne en pleine révolutionnaire.


La réussite de cet album me fera décidemment que les Espagnols savent y faire pour parler de l'Amérique du XX° siècle, avec Blacksad de Guarnido et Canales